Le nid qu’elle s’est fait

Il y a deux ans, à l’automne, j’ai voulu faire un nid. Oui, ne te moque pas. La passagère instable et aérienne a voulu essayer de faire un VRAI nid. Pas pour elle, pour les oiseaux. Si, pour moi aussi.

De la forêt j’ai ramené des feuilles mortes larges comme la main, de la terre argileuse, de la mousse verte, des tas de brindilles, bref, un sac entier de fatras. Les chats étaient ravis  Tiens elle va recomposer une forêt sur le balcon, c’est pas trop tôt !

Un bel après-midi de soleil je me suis donc mise à l’oeuvre et je t’avoue que j’étais assez fière du résultat. J’y ai mis tout mon coeur de zozio avec mes menottes et ma tête de linotte et au creux de mes mains un nid a pris forme.

J’ai suspendu un grand fil, au plafond du balcon, et j’ai attendu. Et elles sont venues….Et le vent a soufflé comme un dingue toute une année et le nid a tenu. Je n’en revenais pas.

Le jasmin qui était au mur a couru sur le fil et aujourd’hui il entoure complètement le refuge des oiseaux.

C’est beau.

Faire son nid ?

Dans mes mains les matières s’alignaient et se mélangeaient. Vraiment dans le creux, avec juste la pression nécessaire et la certitude que quelque chose est possible.

Ensuite trouver l’endroit où être à l’abri même si cet endroit est en plein vent, tenter le coup. Après tout quand on fait une fois son nid on peut toujours le refaire ailleurs ?

Ce matin une adorable blogueuse et qui est presque aussi folle que moi, j’espère, me demandais comment, finalement, après avoir vécu et travaillé dans cette Asie du Sud-Est, comment j’ai fait pour revenir ici ?

Bonne question, pouvez-vous passer à la suivante ?

Non, en fait, on ne peut guère répondre. Il faudrait déjà être capable de dire pourquoi on est parti loin la première fois. Pourquoi je n’aurais jamais pu vivre sans le faire et comment aussi cela fut douloureux, souvent.

Mais s’il fallait résumer bêtement je dirais que, pour ce que j’en sais aujourd’hui (et demain cela changera), ce qui fait qu’on part loin et peut être qu’on revient, sont des certitudes vitales, des besoins tels que respirer soit respirable. Et surtout des blessures, des failles, et chacun cherche à vivre avec elles, d’une manière ou d’une autre.

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Mon nid se balance, tu vois, hier soir, dans le soleil après la pluie.

Tu lèves la tête et le jasmin s’en empare.

Et, pour aujourd’hui, cela me suffit.

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9 commentaires sur « Le nid qu’elle s’est fait »

  1. pourquoi partir, puis revenir?
    on ne sait pas, on croit le savoir.; mais non…
    les réponses diffèreront selon le temps et puis ce qui est fait est fait…
    ici..là.. là-bàs… peu importe le lieu, l’âme s’adapte..
    quant au nid, il est magnifique.

  2. J’ai mis du temps pour trouver la clef des commentaires !
    Je viens de voir un chiffre et j’ai cliqué, ouf 🙂
    12 fois changé de nid et voilà l’envie de repartir, je ne sais pas où je me sens bien…

  3. Et tes ailes ??? Elles ont commencé à pousser ?
    C’est génial ! Quelle idée, faire un nid… et y réussir.
    TOUTE MON ADMIRATION.
    (et ça a encore changé ici, c’est joli !)

  4. Et te voilà en nid vraie !
    Tiens, ça me rappelle un panier que j’avais confectionné voici quelques années et auquel j’avais donné la forme d’un ballon coupé en deux avec une anse ronde également. Après avoir fait la structure en houx et en cornouiller, j’avais tressé mon panier avec de longues tiges de lierre frais en conservant les feuilles. Au final j’avais une espèce de demi boule verte et ébouriffée, à l’intérieur comme à l’extérieur, et je pouvais transporter des oeufs sans risquer de les casser tant les feuilles de lierre amortissaient les chocs. J’ai encore le panier mais les feuilles ont fini par tomber, il n’est plus que l’ombre de lui-même.

    1. Et bien bravo !
      J’ai utilisé des feuilles mortes pour mon nid…Comme cela il dure.
      C’est bon de faire des contenants, ça réchauffe les mains.

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