Pas de nuit, de jour

Le soleil ne veut plus se coucher. Cela s’est passé hier soir pour la première fois.

D’abord en fin d’après-midi il y a eu une chose curieuse et très belle. Les nuages flottaient et l’air était lourd, épais, presque moite. Et puis le mistral est revenu. Comme d’habitude il a fait le ménage. Mais pas que cela.

Le vent a poussé vers le sud les masses d’air, mais gentiment, avec juste ce qu’il faut d’assurance. Et une lumière intense s’est installée. Nouvelle, revigorée, tout pétillait sous ses doigts. Tout était méconnaissable.

Une certitude bleue et blanche. Une traversée complète, installée. Et là le vent est parti, s’est fait tout léger. Il ne part pas d’un coup car il est fier. Mais petit à petit…

Est venu le temps où le soleil doit laisser place et baisser dans l’horizon.

Il a fait semblant. En fait il s’est fondu dans le ciel. Le ciel est resté ciel, bleu, tout du long. Juste de l’orange et du jaune pâlot en bordure, en bas. Mais le ciel est resté bleu tout le temps. Il n’a pas laissé place à la nuit. La nuit n’est pas venue.

Elle n’avait pas besoin.Il y avait ce ciel qui prenait l’espace, l’espace d’une nuit.

Et puis je suis venue voir bien en face, le corps entier debout. Et dans le ciel d’Ouest, là où était le soleil quelques heures auparavant, il y avait une chose qui brillait. Si brillante, si irréelle ! Comme un edelweiss de diamants. J’ai regardé mille fois et elle ne bougeait pas. Je ne crois pas que ce soit une étoile. C’est autre chose mais on ne sait pas. Plus à gauche il y avait une vraie étoile, je l’ai vue, je la connais celle-là.

Moi je me suis couchée car je me couche avec le soleil. Je suis trop timide pour attendre la nuit. De mon lit je regardais le ciel, en soulevant ma tête. Et à chaque fois je voyais le bleu qui ne bougeait pas.

C’est comme cela que j’ai su que le soleil ne se couchait pas cette nuit là.

Pas de nuit, alors ? En fait il y a eu une espèce de voile gris et argent qui s’est posé, très tard, juste de passage, rien de définitif.

Dans cette nuit qui n’en était pas une, je me suis levée voir la lune qui se posait sur le plancher. Et là j’ai vu que l’edelweiss de diamants était parti.

Je n’étais pas étonnée, c’est un truc qui bouge ce truc là, un truc de magicien qui disparait dès que tu l’as suffisamment vu. Peut être un truc de soleil qui fait sa nuit. Peut être bien que oui…

10 commentaires sur « Pas de nuit, de jour »

  1. Pas d’étoiles filantes dans mon ciel ce soir…mais je fais un voeux tout de même…
    Que ton Amour de la vie sois contagieux!…
    Laissons-nous contaminer en visitant tes espaces…

    1. Le grand amour éffréné de la vie va avec un profond désespoir et un pessimisme cynique. Une maladie à double tranchant, donc pas bonne pour tout le monde peut être.

Répondre à Zou ! Annuler la réponse.